logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Vie des entreprises

Le casse-tête des 35 heures au quotidien

Vie des entreprises | CONSEIL ET MANAGEMENT | publié le : 01.01.2002 | Anne-Cécile Geoffroy

Une étude du cabinet Andersen sur la gestion au quotidien de la RTT souligne le manque d'anticipation des entreprises face aux effets post-35 heures.

« Si les négociations autour des 35 heures ont été difficiles pour les entreprises, la mise en pratique des accords se révèle aujourd'hui infiniment plus délicate », constate Philippe Caré, directeur du pôle ressources humaines chez Andersen. Le cabinet de conseil vient de publier une étude sur la gestion au quotidien des aménagements et réductions du temps de travail dans 114 entreprises, interrogées en septembre et octobre 2001. Si elle met en évidence une surcharge de travail pour les cadres de proximité (60 % d'entre eux estiment passer entre deux et six heures par semaine pour gérer la RTT), elle révèle surtout que la moitié des entreprises ne se sont pas encore dotées d'indicateurs adéquats pour piloter les 35 heures. « Elles doivent désormais considérer le temps comme une variable et non plus une constante, explique Philippe Caré. Du coup, les indicateurs de performance traditionnels deviennent obsolètes. Le rapport chiffre d'affaires sur effectif de l'entreprise, par exemple, n'est plus un indicateur pertinent. Comparer un CA de 1995 à celui de 2001 revient à comparer des choux et des navets. »

Bon nombre d'entreprises n'ont pas anticipé les effets post-35 heures. Aujourd'hui, elles doivent faire face à une véritable désorganisation interne et externe. Certaines constatent par exemple que le baromètre de satisfaction des clients se dégrade. D'autres que la fluidité du traitement des dossiers s'est altérée.

« Nous avons mis à plat notre organisation et imaginé toutes les situations de blocage qui pourraient découler de la réduction du temps de travail », raconte Xavier Couineau, directeur du projet Services partagés de Pechiney. Au siège social du producteur d'aluminium, par exemple, l'accord signé avec les syndicats prévoit que les réunions n'ont plus lieu le soir ou le vendredi. Et, aujourd'hui, chaque cadre travaille en binôme. « L'idée est de pouvoir répondre aux questions urgentes même si une personne est absente », poursuit Xavier Couineau.

Un chantier à organiser pour les DRH

L'étude met également en lumière les querelles de chapelle qui découlent de la mise en pratique des 35 heures. Le quart des entreprises interrogées ont le sentiment que les relations interservices se sont délitées. « Chacun voit midi à sa porte. Le pilotage des aménagements et réductions du temps de travail n'est pas vécu de la même façon que l'on soit directeur financier, ouvrier ou commercial, précise Philippe Caré. C'est l'occasion pour les DRH de prendre le dossier des 35 heures en main et de régler les dysfonctionnements en mettant tout le monde autour de la table. »

Chez Pechiney, l'accord sur les 35 heures s'est traduit par une nouvelle forme de communication entre les collaborateurs. Le groupe industriel a en effet créé des contrats « mission temps ». « Chaque salarié du siège peut discuter avec son supérieur hiérarchique de l'organisation des temps dans son service pour l'améliorer. » Une petite révolution culturelle pour les cadres de Pechiney qui n'avaient pas l'habitude de pouvoir remettre en cause les décisions d'un supérieur hiérarchique.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy