Pas question de traiter la formation professionnelle comme le nettoyage ou la surveillance. Christophe Parmentier, responsable de l'offre de formation globale au sein de la division formation de PricewaterhouseCoopers France, est catégorique. Selon lui, l'entreprise tient à maîtriser l'aspect stratégique et politique de la formation. Du coup, la fonction peut relever à la fois du service des achats et du service des ressources humaines.

« Il n'empêche que l'intégration du processus d'externalisation peut être plus ou moins poussé. Avec en premier lieu la sous-traitance. Deuxième niveau : la gestion déléguée. Vient ensuite l'externalisation à proprement parler, où le prestataire prend en charge le traitement administratif de la formation professionnelle dans une logique de dispositif. Enfin, le facility management, où l'on travaille dans les locaux du client, mais qui reste assez rare en France. »

De plus en plus d'entreprises externalisent la formation professionnelle, même si les freins restent forts, car beaucoup de responsables de formation ont peur de disparaître de l'organigramme. Des craintes non fondées, selon Robert Werner, directeur de la formation et du développement pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique de Nortel Networks, spécialiste de solutions Internet, soit 15 000 personnes, dont 3 000 en France. Certes, l'externalisation permet de réduire les effectifs : « Notre équipe comprend cinq personnes. Un nombre qui serait multiplié par quatre en cas d'internalisation. » Mais la politique de formation n'est jamais externalisée. Un grand nombre d'entreprises hésitent d'ailleurs à faire entrer des partenaires extérieurs dans le copilotage d'activités considérées comme stratégiques. Et celles qui s'y lancent sont très souvent déjà engagées dans une logique globale d'externalisation.

Le groupe Nortel Networks a choisi une solution mixte. « Nous sommes des spécialistes de l'UMTS, poursuit Robert Werner, et personne d'autre que nous ne peut former mieux que nous à cette technologie qui reste dispensée en interne. Cela est vrai aussi pour certains programmes de formation managériale stratégique. » En revanche, les formations génériques (langues, gestion du temps…) sont externalisées. Le cabinet Pricewater- houseCoopers gère au niveau mondial pour Nortel Networks toutes les tâches administratives, comme les inscriptions, le choix des lieux de formation, de même que l'offre de formations génériques, déterminées au préalable par le service de formation et de développement interne. « En clair, nous communiquons notre stratégie et nos objectifs à notre partenaire, à charge pour lui de nous proposer des fournisseurs, avec une qualité garantie, de gérer le portefeuille de formations et le système de communication qui permet à nos employés de visualiser l'offre et de s'inscrire directement à partir de leurs écrans. »

Un rôle d'intermédiaire essentiel, à en croire Claude Régnier, responsable de la formation à l'usine Ford de Blanquefort, près de Bordeaux (3 600 salariés), qui externalise depuis 1994 toute la formation professionnelle auprès d'un seul et unique partenaire : l'Apave Sud. Deux consultants sont détachés chez le constructeur automobile Ford à temps plein dans l'année. L'un est chargé de l'administration des stages pour étudiants – Ford en accueille 300 par an ; l'autre s'occupe des enquêtes de besoins en formation, de la planification et de la recherche de fournisseurs. Une partie de l'administration est traitée, comme le montage des dossiers, les inscriptions, la gestion des fiches d'évaluation et de présence. « Les consultants ne montent pas de plans de formation de leur propre chef, mais sont chargés de leur mise en œuvre, précise Claude Régnier. Du coup, j'ai du temps à consacrer à la réflexion stratégique, d'autant qu'elle est nourrie par les statistiques mensuelles et exhaustives du suivi de la formation que me fournit l'Apave. »