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Vie des entreprises

La nouvelle donne des formations au stress

Vie des entreprises | JOURNAL DE LA FORMATION | publié le : 01.03.2002 | Anne-Cécile Geoffroy

Le stress au travail est devenu un thème porteur pour les organismes de formation. Les entreprises, sensibilisées à ses effets néfastes sur la rentabilité de leurs salariés, affinent leur demande. Et s'avancent prudemment sur la voie de l'évaluation.

Les entreprises auraient-elles compris l'intérêt de mesurer le coût économique du stress au travail et, partant, celui des formations à la gestion du stress ? À en croire les cabinets de conseil et les organismes de formation, elles sont sur la bonne voie. « La tendance est à l'augmentation du nombre de formations dans ce domaine, confirme Blandine Legrand, responsable du département management des ressources humaines chez Demos. Les entreprises nous demandent des outils, des méthodes de relaxation pour aider leurs salariés à mieux gérer leur stress. »

Pour Patrick Légeron, psychiatre et responsable du cabinet de conseil et de formation Stimulus, « leur demande s'est même affinée ces dernières années. Auparavant, elles nous demandaient des formations basiques. Désormais, elles veulent du sur-mesure, des formations adaptées à leur contexte de travail ». Les commerciaux, les salariés au contact avec une clientèle parfois agressive, bénéficient de plus en plus de formations qui les préparent à faire face à des situations stressantes. « La Poste, par exemple, nous a demandé de former les guichetiers qui travaillent dans les zones urbaines sensibles », explique Patrick Légeron.

Autres thèmes porteurs, la gestion psychologique du changement et la relaxation. « Nous essayons de former dans les entreprises des animateurs d'atelier de relaxation, souligne Éric Albert, de l'Institut français de l'anxiété et du stress (Ifas). Il s'agit souvent du médecin du travail ou des infirmières, présents dans les entreprises. Nous comptons sur ces personnes pour promouvoir la relaxation en interne mais aussi sensibiliser les dirigeants. »

Si jusqu'à présent le stress était réservé aux employés, l'encadrement n'apparaît plus aujourd'hui épargné. « C'est un phénomène nouveau, remarque Patrick Légeron. Auparavant, avouer son stress était un signe d'incompétence pour le cadre dirigeant. Maintenant, un cadre supérieur reconnaîtra plus volontiers qu'il est stressé et qu'il doit apprendre à gérer cette situation. »

Évaluer les effets des formations

Corollaire à cette demande plus précise, les entreprises en viennent progressivement à s'intéresser à une meilleure évaluation de la réalité du stress dans leur organisation. « Elles partent de l'idée que l'on ne peut améliorer que ce que l'on mesure », précise Éric Albert, directeur de l'Ifas. « La prochaine étape sera l'évaluation de l'impact de ces formations au stress. De moins en moins saupoudrée, la gestion du stress s'inscrit maintenant dans une véritable réflexion interne, affirme Patrick Légeron. D'où l'importance d'évaluer les effets des formations sur les salariés. »

Reste que les entreprises se montrent encore frileuses. Si elles veulent bien préparer leurs collaborateurs à mieux gérer le stress qui vient de l'extérieur de l'entreprise, elles ont encore du mal à envisager que l'entreprise elle-même puisse être à l'origine d'un stress. « Derrière cette notion, les entreprises craignent une nécessaire réorganisation de leur structure », constate Patrick Légeron.

Auteur

  • Anne-Cécile Geoffroy