En créant un centre de services partagés (CSP) dédié aux ressources humaines, Altadis renoue, en apparence, avec une approche centralisée de la GRH en vigueur dans les années 70. Mais avec une vision nouvelle. Car l'objectif de cette unité est de fonctionner comme une PME : « Nous avons rassemblé en une seule entité les activités de paie des 20 établissements répartis sur le territoire français », indique son responsable, Jean-Jacques Bellebouche. Pour mener à bien ce chantier, l'entreprise, issue de la fusion entre la Seita, l'ancien monopole d'état français sur les tabacs, et son homologue espagnol Tabacalera, s'est adjoint les services d'IBM Business Consulting Services, à l'origine de ce concept. L'objectif, à terme : proposer les prestations de GRH dispensées par ce CSP à d'autres entreprises.
Le projet a pris forme en 2001, en pleine période de restructuration sociale, qui se traduisait par la fermeture de 20 établissements. Dans ce contexte, le souci de ne pas limiter le coût aux seuls domaines industriels, mais aussi de tenter de rationaliser les actions transactionnelles finance et paie ne pouvaient que susciter l'adhésion de la direction générale. « Il n'y a pas que le business qui devrait contribuer à un effort d'économie », insiste Jean-Jacques Bellebouche. Ce fut également l'occasion de passer d'une culture d'établissement public à un nouveau modèle d'organisation. La suppression du poste de gestionnaire de paie dans les établissements a néanmoins suscité des protestations : « Certaines entités s'imaginaient perdre un peu de leur pouvoir », reconnaît Jean-Jacques Bellebouche, rappelant que la paie n'est pas leur cœur de métier. Dorénavant, une équipe de huit gestionnaires de paie, deux agents de maîtrise et un expert gère à Paris la paie des 4 000 salariés du groupe en France. Un relais local a néanmoins été désigné dans chaque établissement.
« Nous souhaitons développer une culture paie orientée services et pilotage de la performance à travers la mise en place de contrats de services avec nos clients, poursuit le responsable du CSP. Tout en convenant qu'il est difficile de convaincre les entités que nous pouvons leur vendre un service. » Pour IBM Business Consulting Services, la solution de services partagés présente aussi l'avantage de n'avoir à déployer qu'une seule fois l'ensemble des applications, des outils de support (intranet, e-mail, centre d'appels) aux infrastructures de base (ERP, systèmes de gestion de l'information, base de données). Ce qui assure un sérieux gain de temps et d'argent aux groupes qui se divisent en plusieurs entités.
