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La course aux labels

Dossier | publié le : 01.04.2003 | A.-C. G.

Equis, AMBA, AACSB : les business schools européennes n'ont plus que ces mots à la bouche. Dans leurs efforts pour se faire connaître à l'étranger, elles misent beaucoup sur ces labels qualité.

« Il ne faut pas se leurrer, aucune grande école française n'est connue à l'étranger. » Le constat de Béatrice de Luget, directrice de la communication de l'Essec, est réaliste. Les établissements français ont encore du chemin à parcourir avant d'être reconnus au niveau mondial. Pour y parvenir, ils ont à leur disposition un imposant dispositif d'accréditations. Des labels qui évaluent les cursus et entendent assurer aux candidats comme aux recruteurs la qualité des formations. Trois associations se disputent le marché : la britannique Association of MBA (AMBA), l'Association to Advance of Collegiate Schools of Business (AACSB) et l'European Foundation for Management Development (EFMD) qui a mis au point la norme européenne Equis (European quality improvement system).

« Avec les classements internationaux du Financial Times ou de Business Week, les accréditations sont des outils indispensables pour démarquer nos programmes d'une offre pléthorique », assure Carolina Serrano, directrice du développement de l'IAE d'Aix-en-Provence. La concurrence est devenue tellement rude que les business schools se sont ruées sur l'accréditation. « Cette course aux labels est avant tout une course à la reconnaissance de leurs pairs, estime Michel Kalika, responsable de l'EMBA de Dauphine. Les recruteurs n'ont que faire des accréditations. Ils s'appuient surtout sur la notoriété de l'établissement pour recruter. »

La plupart des grandes écoles françaises utilisent leur label comme élément de différenciation. En France, HEC arbore fièrement les trois trophées. Avec l'Essec, c'est la seule dans l'Hexagone à avoir reçu le blanc-seing de l'AACSB. En revanche, peu de MBA français ont été accrédités par l'AMBA. Mais ils peuvent aussi bénéficier du label britannique par le jeu des alliances. C'est le cas de l'Inter MBA, qui sera proposé à la rentrée par l'IAE d'Aix, l'ESC Marseille-Provence et deux business schools néerlandaise et britannique. « L'AMBA a préaccrédité notre programme en se fondant sur la qualité des formations de nos partenaires qui ont déjà été évalués », note Jean-Paul Leonardi, directeur général de l'ESCMP.

Equis rêve de labéliser Harvard

Mais la majorité des écoles françaises ont opté pour le label européen Equis. L'EM Lyon, l'ESCP-EAP, l'Edhec, Audencia, l'IAE d'Aix-en-Provence sont les premières écoles françaises à avoir été accréditées. Un choix culturel, les business schools européennes préférant ne pas tomber sous le joug des standards américains. « Elles y ont également vu une procédure qualité qui allait les aider dans leur effort d'internationalisation », explique Gordon Shenton, directeur associé d'Equis. Au total, Equis a labélisé une soixantaine d'établissements, dont une dizaine hors d'Europe – au Brésil, à Hongkong, en Afrique du Sud et aux États-Unis. À côté, l'AACSB fait figure de vétéran avec plus de 300 établissements accrédités, dont une majorité aux États-Unis. Mais l'institution américaine lorgne maintenant l'Europe. Avec l'Essec et HEC, l'université de Mannheim en Allemagne, Warwick en Grande-Bretagne, et la Rotterdam School of Management ont rejoint la liste des établissements accrédités.

Si les écoles cherchent à tout prix à se faire labéliser par au moins une association, sinon les trois, c'est parce que chacune leur permet de mettre en avant leurs particularités. L'AMBA accrédite uniquement les programmes MBA européens. L'AACSB et Equis labélisent l'ensemble d'un établissement. « Le système américain porte exclusivement sur les programmes diplômants des établissements, relève Gordon Shenton, directeur associé d'Equis. Tandis que le label européen passe au tamis l'ensemble des programmes, y compris ceux de la formation continue ou executive education. » Et les différences ne s'arrêtent pas là. Aux critères d'excellence académique du label américain (pourcentage de doctorants inscrits dans l'établissement, qualification des professeurs…) Equis oppose une philosophie moins universitaire, plus pragmatique. « Nous évaluons la qualité des établissements, leur degré d'internationalisation et l'importance des liens avec les entreprises, énumère Gordon Shenton. Nous allons, par exemple, faire très attention à l'accompagnement des étudiants. Combien de stages en entreprise sont demandés ? Doivent-ils réaliser des projets sur le terrain ? Etc. »

Une vingtaine d'établissements sont actuellement dans la ligne de mire d'Equis, qui rêve de labéliser Harvard. Pour sa part, l'AACSB courtise la London Business School et l'IMD de Lausanne. Car, derrière cette guerre des labels, il s'agit de conforter la puissance du modèle de management américain face aux Européens.

Auteur

  • A.-C. G.