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L'insertion par l'économique se professionnalise

Dossier | publié le : 01.01.2004 | Sarah Delattre, Anne-Cécile Geoffroy

À l'heure où le gouvernement Raffarin engage une politique d'activation des dépenses d'indemnisation du chômage avec la création du revenu minimum d'activité, le secteur de l'insertion par l'activité économique peut légitimement faire valoir son bilan. Nées dans les années 70, ses structures – chantiers d'insertion, associations intermédiaires, entreprises d'insertion, entreprises de travail temporaire d'insertion ou régies de quartier – emploient aujourd'hui environ 300 000 RMIstes, chômeurs de longue durée, immigrés, jeunes en rupture… soit l'équivalent de 83 000 équivalents temps plein. Toutes ont en commun la volonté de réinsérer durablement par le travail des personnes en grande difficulté. La loi contre les exclusions de 1998 a précisé leur champ d'action, tout en ignorant les groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification (Geiq), des initiatives lancées par des entreprises traditionnelles et qui se donnent pourtant la même mission.

Confrontées à des publics de plus en plus exclus, la majorité de ces structures renforcent leurs procédures d'accueil et d'accompagnement social. Elles cherchent aussi à enrichir les parcours d'insertion, les unes en créant des passerelles entre elles, les autres en privilégiant les partenariats avec des employeurs locaux. Pour mener à bien leurs missions, encadrants et bénévoles sont aussi amenés à se former davantage, un processus qui entraîne indirectement une hausse de la masse salariale périlleuse pour des structures économiquement fragiles. Au niveau national, les fédérations impulsent un mouvement de professionnalisation et tentent d'harmoniser les pratiques en élaborant des chartes et des labels. Pour autant, les réseaux continuent d'avancer en ordre dispersé, en pleine incertitude économique. Difficile en effet de se professionnaliser et de satisfaire des besoins de formation croissants quand les crédits sont gelés. Ainsi, depuis deux ans, les entreprises de travail temporaire d'insertion tentent de garder la tête hors de l'eau dans un contexte plus que défavorable. Nombre d'entre elles ont vu disparaître jusqu'à la moitié de leur activité entre 2001 et 2003. Et il faut bien avouer que la création du revenu minimum d'activité (RMA) et la régionalisation du revenu minimum d'insertion (RMI) introduisent de nouvelles inconnues pour l'ensemble de ces intervenants.

Auteur

  • Sarah Delattre, Anne-Cécile Geoffroy