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Vie des entreprises

Accor lance le ticket psy

Vie des entreprises | CONSEIL ET MANAGEMENT | publié le : 01.05.2004 | Sylvia Di Pasquale

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Les cadres en quête de reconnaissance

Crédit photo Sylvia Di Pasquale

Après le baby-sitting, le pressing et la réparation automobile, certains salariés pourront désormais consulter un psy.

Soulager les cadres surbookés de leurs petits tracas quotidiens pour qu'ils soient plus productifs. L'équation est (presque) aussi ancienne quel'entreprise. Mais, après les multiples formes de « conciergerie » apparues depuis une dizaine d'années dans les grandes entreprises, les EAP (employee assistance programs) franchissent une nouvelle étape vers l'intime. Les cadres peuvent désormais s'épancher auprès d'un psy. Pour les honoraires de fin de séance, c'est l'entreprise qui régale. L'initiative est venue du groupe Accor qui inclut ce nouveau service dans son programme lancé début 2002 et judicieusement intitulé Bien-Être à la carte.

Après les États-Unis, les pays latins sont atteints à leur tour par le marché du « soutien psychologique », une manne estimée à 1,1 milliard d'euros à travers le monde en 2002. Évidemment, il n'est pas question pour le cadre stressé de s'allonger sur un divan pendant ses heures de travail. En fait, le salarié dispose d'une hot line ouverte 24 heures sur 24. Au bout du fil, un psychologue est à l'écoute. Accor utilise les services de trois cabinets spécialisés déjà implantés en France, Psya, Stimulus et Capital Santé, qui apportent leur expertise tout en garantissant l'anonymat des appelants. « Accor et son fichier de grandes entreprises du CAC 40 devrait accélérer notre développement », explique Emmanuel Charlot, directeur du développement de Psya, qui vend de l'assistance psy aux entreprises depuis 1998.

Selon Psya, huit appels sur dix ne nécessitent pas de prise en charge thérapeutique. « De toute façon, nous ne nous substituons pas à un psychothérapeute, précise Emmanuel Charlot. Nous aidons simplement les salariés à mettre des mots sur leur ressenti. » Et si le problème s'avère plus profond, le patient est orienté vers un confrère en cabinet. Dans ce cas, deux séances sont prises en charge dans le cadre du forfait Accor.

Attention à l'effet boomerang !

Pour faire connaître cette nouveauté, Accor a convié la crème des DRH en mars dernier. « Nous avions déjà présenté cette offre il y a trois ans, se souvient Béatrice Ogée, directrice du programme. L'accueil avait été plus mitigé… » Les employeurs se demandaient pourquoi diable on leur proposait de financer un service qui pouvait être remboursé par la Sécu. Mais, depuis, le harcèlement moral a été reconnu, la charge de travail s'est accrue, le stress a encore augmenté et le papy-boom devrait rendre la main-d'œuvre moins abondante. Il faut donc à la fois fidéliser les salariés et créer un climat plus serein. Les psys Accor ont de bonnes chances de faire des émules.

À moins d'un effet boomerang. En témoigne ce cas, pris en charge par Marie G., télépsychologue œuvrant pour les salariés expatriés en France d'une entreprise américaine. « Une jeune femme m'a appelée un soir. Elle était vraiment en détresse, mais était incapable d'en formuler la raison. Après l'avoir longuement questionnée, j'ai appris qu'elle travaillait tous les jours de 8 heures à 22 heures et n'avait même pas réalisé l'énormité de la situation puisque tout le monde autour d'elle en faisait autant. Je l'ai vu en face à face pour la désintoxiquer. Elle a fini par démissionner de sa boîte. » Une prise de conscience payée par son employeur !

Auteur

  • Sylvia Di Pasquale