Jusque-là, tout allait bien, enfin à peu près. Les réunions tardives, les vacances annulées au dernier moment, les remarques désobligeantes : François Durieux, cadre bon teint, pour qui l'engagement relève des seuls romans de fiction, supporte sans mot dire le comportement tyrannique de son patron. Comme tout le personnel. Mais quand un collègue se suicide au boulot, c'en est fini de la tolérance, de cette insupportable apathie, dirait-il. Superbement interprété par Olivier Gourmet, qui a délaissé les frères Dardenne, le cadre sous influence se réveille, se révolte, se rebiffe, dépassé par sa propre colère. Qui se mue vite en une violence méconnue, à faire de lui un paria.

Cette histoire d'un « homme qui se rend compte de son aliénation et s'en défait », Fabienne Godet la mène de main de maître, sans juger l'homme ordinaire qui bascule. Ex-psychosociologue, la réalisatrice sait de quoi elle parle : elle s'est inspirée des dégâts causés dans son ancienne entreprise par l'arrivée d'un « nettoyeur », qui a instauré un climat de violence psychologique à coups de licenciements. Mieux, elle conduit ce premier long-métrage comme un polar, alternant flash-back et flash-forward. Ajoutez à cela un casting de qualité et voilà un film dont on parlera.

Sauf le respect que je vous dois, film de Fabienne Godet (90 min), avec Olivier Gourmet, Dominique Blanc, Julie Depardieu et Marion Cotillard. Sortie le 15 février 2006.