La cooptation ? La voie royale pour être recruté ! Le réseau de relations personnel les serait, selon l'Apec, la recette miracle utilisée par 43 % des cadres ayant changé de job. Restait à industrialiser la pratique. C'est chose faite sur Internet depuis octobre, avec le lancement des sites jobmeeters.com et cooptin.com. Leur principe de fonctionnement est assez simple : un recruteur offre un poste, et des « coopteurs » proposent des candidats. Si l'un d'eux est retenu, son parrain touche une prime. De quoi permettre aux recruteurs de recevoir des CV moins nombreux et plus qualifiés qu'avec une petite annonce classique.

Si les deux sites ont des fondamentaux communs, leur philosophie est différente. Chez JobMeeters, on joue la transparence : les offres d'emploi ainsi que le montant des primes (de 150 à 1 100 euros) sont affichés au vu et au su de tous. En revanche, postes et primes restent secrets chez Cooptin. Du moins tant qu'on n'a pas décliné son pedigree en répondant à 16 questions – âge, niveau d'expérience, poste, etc. – et obtenu l'adoubement des recruteurs inscrits. Car les offres sont adressées aux seuls coopteurs jugés pertinents par le client. Pour Cyril Janin, président de Keljob et fondateur de Cooptin, le modèle « club privé » est un avantage face à l'« open bar » de son concurrent : « Notre accès restreint rassure les clients, dont les deux tiers sont des cabinets de recrutement. » Côté JobMeeters, l'approche, radicalement inverse, repose sur une culture plus ouverte à laquelle les jeunes générations ont été habituées via le Web. Ici, rien n'interdit à un autodidacte de coopter un Sciences po si le profil colle.

À ce jour, JobMeeters affiche 3 560 coopteurs et Cooptin en annonce deux fois plus pour seulement 20 à 30 campagnes en cours de chaque côté. « On verra d'ici à quelques mois quel modèle l'emportera », indique Patrice Malaurie, cofondateur de JobMeeters. En attendant, chacun propose aux services RH des entreprises une version personnalisée de son logiciel. L'un comme l'autre veut permettre aux salariés de coopter leurs relations via l'intranet de leur entreprise.