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Idées

Crise de confiance managériale

Idées | Livres | publié le : 01.04.2007 | H. G.

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Crise de confiance managériale

Crédit photo H. G.

Le Capitalisme d'héritiers, Thomas Philippon. Éditions Seuil, collection « La République des idées ». 110 pages, 10,50 euros.

Le discours a été mille fois ressassé par les experts internationaux : les rigidités attachées au modèle français expliquent en grande partie pourquoi la France se distingue par un des taux d'emploi les plus faibles de tous les pays développés et un niveau de chômage parmi les plus élevés. Le grand mérite de Thomas Philippon est de prendre le contre-pied de la théorie dominante, en se demandant si les responsabilités ne se trouvent pas plutôt du côté du capitalisme français.

Cette nouvelle pépite de la collection « La République des idées » n'est en rien un pamphlet à la mode ultragauche. Enseignant l'économie financière à la Stern School of Business, l'auteur fonde sa démonstration sur le constat suivant : la France se caractérise par le peu de satisfaction que les salariés semblent retirer de leur travail. Cette incapacité à travailler ensemble afin que chacun y trouve son compte est reconnue, dans les enquêtes d'opinion, tant par les managers que par les salariés. L'auteur établit une corrélation étroite entre cet état de fait et les médiocres performances françaises en matière de chômage et d'emploi. L'analyse historique met en lumière le caractère structurel de ce blocage social. L'économiste pointe la difficulté récurrente du patronat français à créer des relations sociales productives : paternalisme au XIXe et au début du XXe siècle, phénomène bureaucratique après-guerre. Faiblesse la plus patente, aux yeux de notre essayiste, le peu de place accordé dans les entreprises françaises à la promotion interne en tant que mode de sélection des élites managériales. « Comme les dirigeants n'ont qu'une expérience limitée de la vie dans les échelons inférieurs de l'entreprise, observe l'auteur, ils sont relativement méfiants et ont moins tendance à déléguer l'autorité à leurs subordonnés. »

L'auteur tente également d'évaluer le coût économique de la situation peu reluisante de nos relations sociales. Il estime que le point faible français, l'absence de « grosses PME », alors que le taux de créations est très comparable à celui des autres économies, s'explique par le frein des relations sociales. De sorte que le mauvais fonctionnement des ressources humaines coûterait à la maison France plusieurs points de PIB.

Thomas Philippon esquisse des pistes pour remédier à ce gâchis social, comme l'aide au développement de syndicats représentatifs ou l'accroissement de la promotion interne, dans ce petit livre qui ne pourra être ignoré lorsque l'on réfléchira au bon diagnostic à poser sur la crise du travail en France.

Auteur

  • H. G.