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Idées

La richesse sociale de la France

Idées | Livres | publié le : 01.02.2008 | H. G.

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La richesse sociale de la France

Crédit photo H. G.

La République et ses territoires, Laurent Davezies. Éditions Seuil, collection « La République des idées ». 110 pages, 10,50 euros.

On ne saurait trop conseiller aux prix Nobel d’économie chargés par Nicolas Sarkozy de revoir la mesure de la croissance la lecture de ce petit ouvrage. Il est facile de constater, selon Laurent Davezies, que « les lieux de la croissance ne sont plus nécessairement ceux du bien-être ». Le temps où « les régions locomotives de la compétitivité économique étaient également les lieux stratégiques de progrès social » est révolu. L’Ile-de-France reste le poumon économique du pays, mais les revenus de ses habitants sont ceux qui ont le moins progressé au cours des dernières années. Cela s’explique par ce que l’auteur appelle « la circulation invisible des richesses » entre les territoires.

Pour la première fois depuis une trentaine d’années, l’évolution du revenu des collectivités locales se déconnecte de l’évolution des richesses qui y sont créées. L’inégalité entre les régions bien insérées dans la compétition mondiale et les autres est en nette réduction. Comment expliquer ce paradoxe ? Par les transferts sociaux. Les effets redistributifs de la dépense publique, qui représentait 55,4 % du PIB en 2003, contre 28 % en 1950, sont extrêmement puissants. Cette solidarité constitue un excellent amortisseur face aux effets de la mondialisation. Ainsi, le Nord-Pas-de-Calais et la Lorraine, qui ont payé un lourd tribut à la globalisation, sont devenus des bénéficiaires nets des transferts entre territoires. Le facteur le plus déterminant dans ce rééquilibrage est sans conteste le poids des retraites. Faible dans les régions les plus productives, deux fois plus fort dans des départements comme la Creuse, la Nièvre, le Var ou le Lot, dont plus du tiers des ressources repose sur les pensions. Or la baisse annoncée du nombre d’actifs va encore alourdir le poids du produit des retraites dans la croissance du revenu local.

Une des résultantes de cette « circulation invisible des richesses » est le recul de la pauvreté, bien plus important dans les zones les moins productives. Alors que, à salaire égal, on se retrouve relativement plus pauvre dans une région urbaine et fortement productive que dans un territoire résidentiel. Un salarié français gagne 10 % de plus en Ile-de-France mais son pouvoir d’achat est inférieur d’au moins 5 % à celui qu’il aurait en province. L’auteur appelle à reconsidérer d’urgence notre politique d’aménagement du territoire pour l’adapter à cette nouvelle réalité. Mais les politiques sociales devraient aussi la prendre en compte.

Auteur

  • H. G.