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L’obscur héraut des travailleurs sans papiers

Actu | Eux | publié le : 01.06.2008 | Fanny Guinochet

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L’obscur héraut des travailleurs sans papiers

Crédit photo Fanny Guinochet

Il est l’homme qui a lancé la grève des sans-papiers. Depuis deux mois, Raymond Chauveau écume les piquets de grève, les manifestations et les rendez-vous dans les ministères pour plaider la cause de ces travailleurs qui, en dépit de leur contrat de travail, ne sont pas régularisés. La veille encore, le secrétaire général de l’Union locale CGT de Massy soutenait les « camarades » de chez Sofrabrick, entreprise d’agro-alimentaire de Gonesse, dans la banlieue parisienne. Dans cette PME, sur la centaine d’employés, près de la moitié sont sans papiers. Rejoints par d’autres salariés du Val-d’Oise, ils occupent l’usine. « Pour les employeurs, cette main-d’œuvre permet une flexibilité extrême. Ils sont une variable d’ajustement à qui on peut imposer les pires conditions de travail », s’insurge Raymond Chauveau. Pour cet adhérent du Parti communiste des ouvriers de France, c’est « de l’esclavage moderne ». Élevé dans une famille de « gauche », avec une mère institutrice et un père employé, ce « marxiste-léniniste » est venu au militantisme avec Mai 68. À 15 ans à peine, il rêve déjà de « limiter l’empiétement du capital ». Ses années comme ouvrier métallurgiste conforteront sa conviction. En 1981, il obtient le bac en candidat libre et entre à la RATP, à Massy. Meneur de grève, il est licencié. Puis réintégré après des années de bras de fer. Ironie de l’histoire, il retrouve son atelier juste avant la grande mobilisation de 1995 dont il se fait chef de file. La RAPT préfère alors ne plus le voir dans l’entreprise mais continue à lui verser son salaire. De quoi lui laisser le temps de se consacrer à ses activités syndicales… C’est avec la blanchisserie Modeluxe et les restaurants Buffalo Grill qu’il a découvert, dans l’Essonne, l’ampleur de la situation des travailleurs clandestins : « J’ai alors compris que c’était organisé par notre économie. » Impossible de croire que les patrons puissent ignorer le statut de ceux qu’ils embauchent. Même la position d’André Daguin, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, qui estime « nécessaire dans différents secteurs la régularisation de 100 000 sans-papiers », le laisse de marbre : « C’est une simple réaction d’opportunité parce que les patrons craignent d’être sanctionnés. » Sur le millier de demandes de régularisation déposées fin avril par la CGT en Ile-de-France, un peu plus d’une centaine a été satisfaite. « Un résultat minable » pour Raymond Chauveau. Derrière ses petites lunettes, son regard vert, pourtant, brille. La fierté est là : « Le gouvernement ne peut plus fermer les yeux. Et les actions se multiplient partout dans la région parisienne. » À l’en croire, ce n’est que le début…

RAYMOND CHAUVEAU

1976

Adhère à la CGT.

1981

Entre à la RATP.

1998

Devient secrétaire général de l’Union locale CGT de Massy.

2008

Lance la grève des sans-papiers.

Auteur

  • Fanny Guinochet