Une aumône pour ceux qui ont tout perdu ! Lorsque Naterris, géant de l’agrochimie (300 000 salariés et 24 usines), est condamné à une poignée d’euros pour avoir pollué l’étang qui les faisait vivre, un ostréiculteur (Roschdy Zem), le patron cuistot d’un restaurant attenant (Jean-Paul Rouve) endetté sur trente ans et deux riverains en mal de cause manquent de s’étouffer. Et décident d’aider la justice à leur rendre justice… en recherchant la preuve faisant défaut ! Voilà nos quatre citoyens ordinaires à la Défense, au pied de l’immense tour servant de siège social à la multinationale. Pour y pénétrer, ils vont se faire embaucher par les sous-traitants, comme femme de ménage, serveur, vigile… Et tout l’enjeu sera de trouver l’astuce pour monter dans les étages ! Mais n’y voir aucune métaphore sur un quelconque ascenseur social bloqué.

Si, neuf ans après Ma petite entreprise, le réalisateur Pierre Jolivet renoue avec la comédie sociale, il garde sa patte, privilégiant l’aventure humaine à la critique sociale radicale ou au pathos. « C’est un film engagé dont le rire est le passeport », résume le frère de l’humoriste Marc Jolivet. Le réalisateur veut renouer, à travers la Très Très Grande Entreprise, « avec la comédie italienne des années 60-70, par ce qu’elle avait de politique ». Dénoncées ici : l’industrie polluante et les entreprises « prêtes à tout pour une croissance à deux chiffres à la demande des actionnaires ».

Mais ce qui se révèle central, c’est la question de l’engagement des quatre antihéros, faux espions mais vrais Pieds nickelés, qui vont se découvrir une détermination sans faille. Pierre Jolivet a choisi une citation de Mao Zedong (« Ne compte que sur tes propres forces ») pour introduire le dossier de presse de cette comédie légère. Où l’on voit la recherche de dédommagement se transformer en une quête plus morale.

La Très Très Grande Entreprise, film (1 h 42) de Pierre Jolivet, avec Roschdy Zem et Jean-Paul Rouve.

Sortie le 5 novembre.