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Les immigrés trinquent en Russie

Actu | Ailleurs | publié le : 01.02.2009 | Madeleine Leroyer

Les ouvriers d’Asie centrale pâtissent des arrêts de chantier liés à la crise.

Comme paralysées par la neige, les grandes grues du chantier de Moskva City, le futur quartier d’affaires de la capitale, sont immobiles. Le froid pourtant n’y est pour rien. C’est la crise du crédit qui a grippé le système. Une catastrophe pour les quelque 10 millions d’immigrés d’Asie centrale qui travaillent en Russie, pour la plupart dans le bâtiment. À Moscou, des milliers d’ouvriers clandestins ont déjà déserté les chantiers pour regagner l’Asie centrale.

Farshod est dans l’attente d’un train qu’il ne peut plus payer. « Cela fait quatre mois que je n’ai pas touché mon salaire. Ça fait presque 50 000 roubles (1 200 euros, ndlr). Au début, le patron promettait. Aujourd’hui, il est introuvable, le chantier est fermé et on dit qu’il ne rouvrira pas au printemps », s’inquiète cet Ouzbek. « Presque tous travaillent au noir. Avant la crise, on avait souvent des problèmes de salaires non versés, mais là c’est général. Que voulez-vous qu’ils fassent ? Prendre la porte, faire une croix sur leur argent, et se taire », constate Anora Bicheeva, juriste de l’association Loi et Immigration.

Quelques-uns pourtant ont osé élever la voix. En décembre, 250 ouvriers tadjiks d’Ekaterinbourg ont cessé le travail pour obtenir le versement de 400 000 dollars d’arriérés de salaire. « Les travailleurs immigrés lancent la première grande grève liée à la crise financière », titrait alors le quotidien économique Kommersant. Leur initiative n’a guère trouvé d’écho. « Au lieu de compatir, les Russes les méprisent. Ils s’attendent à ce que ces foules de chômeurs déferlent dans les rues et les agressent », relève l’économiste russe Evgueni Gontmakher.

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  • Madeleine Leroyer