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Le nombre de défaillances d’entreprises toujours préoccupant, mais en recul

Gestion de l'emploi | publié le : 18.10.2023 | Benjamin d'Alguerre

Le nombre de défaillances d’entreprises toujours préoccupant, mais en recul

Le nombre de défaillances d’entreprises toujours préoccupant, mais en recul.

Crédit photo Sutthiphong/Adobe stock

11 000 entreprises se sont retrouvées en procédure de sauvegarde, liquidation ou redressement judiciaire au dernier trimestre 2023. Malgré des chiffres encore élevés, la hausse générale connaît cependant pour la première fois une décroissance depuis 2022.

Comme une forme de rattrapage de la période pandémique au cours de laquelle elles avaient été massivement aidées par les PGE ou l’activité partielle, les défaillances d’entreprises se poursuivent en cette fin d’année. Selon les chiffres du cabinet Altares1, 11 000 d’entre elles avaient ouvert une procédure de sauvegarde ou s’étaient engagées dans un processus de redressement ou de liquidation judiciaire au troisième trimestre 2023. Soit une hausse de 23 % par rapport à la même période en 2022, portant le total des défaillances sur les douze derniers mois à 53 000.

Contraintes aux procédures collectives

« Pour certaines entreprises, l’heure de vérité est arrivée. Désormais privées des dispositifs exceptionnels d’activité partielle et sommées de rembourser leurs PGE, elles se retrouvent seules face à une conjoncture économique défavorable marquée par une hausse des coûts de la logistique, de l’énergie et des matières premières, leur réserve de trésorerie consommée, entrainant certaines vers des procédures collectives », analyse Marine Roussannes, directrice de la practice stratégie et performance sociale chez LHH.

Toutefois, même si le nombre de ces défaillances est au plus haut depuis 2018, la tendance est tout de même à la baisse, observe Thierry Millon, directeur des études d’Altares : « Depuis début 2022, le nombre de défaillances bondissait en moyenne de 47 % chaque trimestre. Un taux aussi élevé sur une si longue période est inédit, mais rappelons qu’en 2021, les défauts étaient aussi au plus bas depuis 35 ans. » De quoi laisser espérer le retour à un nombre de défaillances plus modéré ces prochains mois.

Ainsi, le nombre de liquidations judiciaires (7 883) est proche de celui enregistré au cours de l’été 2016 (7 850). Il n’augmente plus que de 19 % après s’être envolé de plus de 70 % au cours de l’été 2022. Plus des trois quarts des entreprises liquidées comptent moins de trois salariés. Le quart des procédures sont des redressements judiciaires dont le nombre (2 818) est encore sensiblement inférieur à celui constaté avant Covid (3 200 au 3e trimestre 2019). Cette procédure est néanmoins plus fréquente, en hausse de 34 % ce trimestre. Le nombre de sauvegardes, lui, a peu évolué. 278 sauvegardes ont été obtenues soit 2,5 % des procédures.

Les grands groupes mieux outillés pour éviter les PSE

Néanmoins, les défaillances de PME-ETI continuent d’augmenter plus vite que celles des TPE. Près de 900 PME-ETI ont défailli au cours de ce 3e trimestre, soit 32 % de plus qu’il y a un an. Il s’agit de l’été le plus sinistré depuis 2014. Pas forcément étonnant, note Marine Roussannes : souvent moins bien structurées niveau RH que les grands groupes, ces entreprises intermédiaires disposent rarement d’un pilotage social suffisamment efficace pour gérer la crise. « Une grande entreprise disposant d’une bonne structure RH, d’une assise financière solide et où règne un dialogue social de qualité saura déployer une batterie de mesures pour servir d’amortisseur : accords de performance collective, ruptures conventionnelles collectives, gestion des emplois et des parcours professionnels adaptés, réorganisation du temps et de l’organisation du travail, révision des rémunérations… Inversement une structure plus petite pourra être contrainte à se diriger tout de suite vers l’option PSE  », indique-t-elle.

Plusieurs secteurs sont particulièrement touchés par ces défaillances. C’est notamment le cas de la restauration rapide (+ 28 %), les magasins multirayons, particulièrement les épiceries (+ 26 %), la coiffure et les instituts de beauté (+ 38 %), la construction (+ 25 %, essentiellement dans les activités de second œuvre type maçonnerie), les travaux publics (+ 24 %), les agences immobilières (+ 98 %), l’agroalimentaire (+ 22 %) ou le transport routier de marchandises (+ 20 %). À l’issue de 2023, le prévisionnel de 55 000 défauts est encore envisageable…


(1) Vous trouverez l'étude du cabinet Altares en cliquant sur ce lien.

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre