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À Rouen, Veyrier balise la route de son successeur

Syndicat | publié le : 30.05.2022 | Benjamin d'Alguerre

À trois mois de la rentrée sociale et des réformes annoncées sur le pouvoir d’achat, les retraites et la modernisation du paritarisme, Yves Veyrier a dressé une ébauche de feuille de route à l’adresse de celui qui lui succédera à la tête de FO au lendemain du congrès de Rouen. 

Salaires, pouvoir d’achats, primes, retraites, paritarisme négociation collective… Le discours d’ouverture d’Yves Veyrier, secrétaire général sortant, au 25e congrès de Force ouvrière qui s’est ouvert à Rouen le 30 mai, tenait autant du bilan des quatre années écoulées que de la feuille de route adressée à son futur successeur qui sera désigné le 3 juin. Sur les rémunérations et le pouvoir d’achat ? Le futur ex-patron de la centrale a rappelé les fondamentaux du "syndicat du bas de la feuille de paye" : oui à l’augmentation des salaires, non à la généralisation des primes défiscalisées comme le Gouvernement projette de le faire dans sa future loi sur le pouvoir d’achat en permettant de tripler le montant de la prime Macron, portant celle-ci à un plafond de 6 000 euros. "Attention aux effets pervers, camarades", a averti Yves Veyrier. Exonérée de cotisations sociales, cette prime peut devenir un objet à la main du patronat susceptible de contourner les grilles des classifications et des salaires, mais aussi un instrument de blocage des négociations salariales au niveau des entreprises ou des branches. Inacceptable pour FO. "On nous a beaucoup abreuvés de discours sur la valeur travail, de sa reconnaissance, de son partage. Les salariés ne demandent pas la charité. Ils ne demandent pas un chèque alimentaire, une indemnité inflation ou une prime Macron. Ils revendiquent d’être rémunérés justement en fonction de leur travail. Parce que la reconnaissance et le partage de la valeur travail, c’est le salaire." Une question qui devrait être au cœur de la rentrée sociale, selon Yves Veyrier qui appelle Gouvernement, employeurs et organisations syndicales à une grande consultation sur la revalorisation des rémunérations, et notamment à un coup de pouce au Smic afin de le porter à 80 % du salaire médian, à savoir 1 500 euros nets mensuels.

La réforme de l’âge de départ à la retraite à 65 ans ? Même opposition catégorique de la part de FO qui avait déjà contesté le projet de "réforme par points" millésime 2019, tout en participant à la concertation menée par Jean-Paul Delevoye à l’époque pour "ne pas tomber dans le double piège de la chaise vide ou de l’accompagnement". La loi El Khomri et les Ordonnances Travail ? À supprimer à en croire le syndicat qui réclame le retour du CHSCT dans les entreprises, la séparation des différentes entités sociales aujourd’hui réunies au sein du CSE et, surtout, l’annulation de l’inversion de la hiérarchie des normes réalisée en 2017 au détriment des branches professionnelles, un échelon social auquel FO reste viscéralement attachée. La modernisation du dialogue social ? Pourquoi pas… à condition que celle-ci ne se transforme pas en étatisation de la gestion des différents organismes gérés par les partenaires sociaux à commencer par l’Unédic et les caisses de retraite. "À l’étatisme social, FO oppose de longue date la clarification entre ce qui relève de l’intérêt général et ce qui relève de la solidarité ouvrière et du paritarisme organisé par la négociation collective", tranche celui qui reste pour quelques jours encore le patron de la troisième centrale syndicale française.

À l’issue de cette semaine de congrès, Yves Veyrier confiera les clés de la confédération à un nouveau secrétaire général. Si Christian Grolier, leader de la puissante fédé de la Fonction publique, soutenu par une partie des trotskistes et des anarchistes de l’organisation a maintenu sa candidature, le réformiste Frédéric Souillot, actuel secrétaire confédéral au secteur de l'organisation et des affaires juridiques apparaît de plus en plus comme le successeur désigné. Selon une source interne, il n’est d’ailleurs pas exclu que Christian Grolier se retire à son profit durant le congrès. Cependant, en interne, la grogne monte. À l’initiative de Fabrice Lerestif, secrétaire général de l’union départementale d’Ille-et-Vilaine (tendance anar), une dizaine de personnalités de la centrale – dont Patrick Clos, patron de la fédération des Transports et ancien candidat à la direction du syndicat en 2018 – viennent de signer une tribune pro-Grolier appelant à davantage de démocratie interne et plus particulièrement à une présentation officielle des deux candidats et de leur programme durant le congrès. Ce que les statuts de l’organisation ne permettent normalement pas…

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre