C’est enfin la fin d’un suspense qui n’en était plus vraiment un chez Force Ouvrière. Par un courrier adressé aux cadres de la centrale syndicale le lundi 25 avril 2022, Frédéric Souillot, secrétaire confédéral chargé de l'organisation et des affaires juridiques, a officialisé sa candidature au secrétariat général de FO pour succéder à Yves Veyrier, qui ne se représente pas.

Présenté comme le favori du futur scrutin qui se déroulera à l’occasion du 25^e congrès confédéral de l’organisation organisé du 29 mai au 3 juin à Rouen, Frédéric "Fred" Souillot, venu de la métallurgie et présenté comme "réformiste" (comme Yves Veyrier et Jean-Claude Mailly avant lui) sera opposé au "trotskiste" Christian Grolier, patron de la puissante fédération de la Fonction publique qui avait déjà candidaté à la tête du syndicat en 2018 après le départ de Pascal Pavageau, mais avait dû s’incliner face à Yves Veyrier qui avait recueilli quelque 150 suffrages de plus. Patrice Clos, secrétaire national de la fédé des transports et de la logistique, "troisième homme" du scrutin 2018 soutenu à l’époque par le courant anar du syndicat a annoncé son intention de ne pas concourir à nouveau.

Pourtant, en dépit des étiquettes de chacun, les soutiens des factions en présence au sein de la centrale ne vont pas de soi. Malgré son affichage réformiste, Frédéric Souillot dispose du soutien du trotskiste Hubert Raguin, patron de la fédération des enseignants et d’une partie des lambertistes du Parti ouvrier indépendant (POI). Dans quelle proportion ? Difficile à calculer, glisse un cadre confédéral : "Les choses ne sont pas évidentes car une grande partie des trotskistes soutien Souillot. Il n’y a pas 60 versus 40. Pour le moment, c’est plutôt équilibré". Le métallo dispose en outre du soutien du secrétaire national de sa fédération d’origine, Frédéric Homez. Il pourrait également bénéficier du report des voix des anarchistes, sans champion à soutenir pour l’instant.

Autres avantages en sa faveur, Frédéric Souillot est reconnu comme un homme de négociation au sein de la centrale de l’avenue du Maine et a présidé pendant plusieurs années l’AGFPN, l’association paritaire gestionnaire du fonds de financement des organisations syndicales et patronales (il en est encore aujourd’hui le vice-président), un poste clé au sein de toutes les organisations sociales. C’est donc un candidat de poids pour la direction de FO même si, confie un insider, "une partie non négligeable des fédérations et des structures ne se sont pas positionnées pour le moment. Il existe encore une marge d’incertitude".