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Retraites, défense du paritarisme, adhésions... les défis qui attendent le nouveau patron de FO

Syndicat | publié le : 03.06.2022 | Benjamin d'Alguerre

FO a un nouveau visage public. Celui de Frédéric Souillot, 54 ans, métallo réformiste et favori dans la course à la succession d’Yves Veyrier. Celui qui occupait jusqu’alors la fonction de secrétaire confédéral à l'organisation et aux affaires juridiques de Force Ouvrière va devoir préparer la riposte contre une réforme des retraites dont son syndicat ne veut pas.

Il n’a pas encore eu l’occasion de s’asseoir dans son nouveau fauteuil de secrétaire général que déjà les dossiers s’accumulent sur le bureau de Frédéric Souillot, le nouveau patron de FO, élu par 87,68% des suffrages exprimés (77,5% des inscrits) vendredi 3 juin à l’issue d’une semaine de congrès à Rouen. En partant, son prédécesseur n’a pas manqué de lui transmettre ce qui pourrait ressembler à une feuille de route, en tous cas un sérieux rappel des fondamentaux de l’organisation syndicale. La réforme du pouvoir d’achat que le ministère du Travail doit engager dès cet été ? Le 25e congrès de FO aura été l’occasion de rappeler l’attachement du syndicat aux augmentations de salaires plutôt qu’aux primes et autres dispositifs d’intéressement que le gouvernement entend mettre en place dans les entreprises. Les retraites ? Les harangues d’Yves Veyrier sur le refus de repousser l’âge de départ à 65 ans ont été longuement applaudies par les congressistes, même si, dans les travées, le sujet ne fait pas l’unanimité au sein de la Centrale où certains pourraient se montrer plus coulants. Le paritarisme ? « À l’étatisme social, FO oppose de longue date la clarification entre ce qui relève de l’intérêt général et ce qui relève de la solidarité ouvrière et du paritarisme organisé par la négociation collective », a rappelé le secrétaire général sortant. Voilà pour le programme, auquel se rajoutent les objectifs internes de l’organisation. A commencer par le recrutement de nouvelles forces vives afin de renouveler les effectifs la Centrale qui s’étiolent, notamment dans le secteur privé. Trois populations sont particulièrement visées : les cadres, les travailleurs précaires et les salariés des PME-TPE. Autant de catégories où FO peine à s’imposer.

FO réconciliée

Les prochains mois risquent donc d’être intenses pour le nouveau patron de FO. Heureusement, cet ancien métallo au look immédiatement identifiable – coupe en brosse, moustache à la Fu Manchu et anneau argenté dans chaque oreille – hérite d’une organisation relativement unie et réconciliée avec elle-même. Preuve en est le bilan d’Yves Veyrier, présenté le dernier jour du congrès, a reçu l’approbation de 98% des 3000 délégués présents à Rouen. Loin des petits 50, 4% qu’avait obtenu celui de Jean-Claude Mailly en 2018 dans une ambiance explosive au fort parfum de fronde. Oubliée, aussi, « l’affaire des fiches » qui avait empoisonné le début de mandat de Pascal Pavageau poussant ce dernier à la démission six mois après son élection. Ici, réformistes, anarchistes et trotskistes, les trois composantes traditionnelles des hauts-cadres de la Centrale, ont – presque - su faire cause commune après le retrait, le 1er juin dernier, de la candidature de Christian Grolier, le puissant dirigeant de la fédération FO des fonctionnaires, qui disposait du soutien d’une partie des lambertistes du Parti Ouvrier Indépendant (POI) et des anars.

Cheville ouvrière

Peu connu à l’extérieur de la Confédération, Frédéric « Fred » Souillot qui a adhéré, de son aveu, à FO en 1994, chez Schlumberger où il créa la section syndicale Force Ouvrière l’année suivante, n’en reste pas moins une cheville ouvrière de la Centrale. Adhérent à la fédération de la métallurgie – le fer de lance du courant réformiste – en 2008, il devient ensuite secrétaire confédéral à l'organisation et aux affaires juridiques de la confédération et siège au nom de FO à l’AGFPN, l’Association de gestion du fonds paritaire national, l’instance qui, depuis 2016, gère les enveloppes à distribuer aux partenaires sociaux au titre de leur gestion des organismes paritaires comme l’Unédic. Une fonction hautement stratégique au sein de la Confédération. Proche de Jean-Claude Mailly, il n’avait pas perdu ses mandats à l’ère Pavageau, mais avait cependant été placé « sous haute surveillance », selon les bruits de couloirs de l’organisation. Soutenu par sa fédération d’origine, la métallurgie, lors du scrutin, le nouveau numéro 1 de la centrale affiche cependant déjà quelques opposants chez les anarchistes ou au sein de la Fnec-FP FO, la fédération de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle, bien qu’il ait reçu le soutien de son secrétaire national, Hubert Raguin. Comme son prédécesseur que peu de gens connaissaient lors de son élection, Frédéric Souillot a trois ans pour convaincre, y compris chez les siens…

Auteur

  • Benjamin d'Alguerre